Les créations photographiques de cette série renvoient à une double illusion :
D’une part, la métaphore du cloud vu comme un nuage de données questionne la destination finale des milliards d’images produites par les smartphones. Le sens de tels mots, empruntés à l’univers physique, est à même de créer de nouvelles mythologies. Ainsi les images vivraient de leur propre existence quelque part loin de nous : Un nouveau cosmos ? Or un article récent du journal le Monde pointait du doigt, « derrière le mirage du cloud, le nuage noir de la pollution » des data centers.
D’autre part, toute image elle-même, est illusion. Qu’est-ce que mon image personnelle ? Mon téléphone me permet de diffuser une image flatteuse de moi grâce aux filtres proposés dans ses applications. Si je suis créateur de mon image, quelle beauté lui associer ? Pourquoi ce désir de beauté ? Mon alter ego virtuel est fabriqué avec la même matière qui constitue toute image : l’illusion. Le rituel du selfie vécu comme un miroir de soi, s'assimile de fait à une fabrique de dieux et déesses.
Jean Lavanchy 04-03-2020