Petit matin sur une aire d'autoroute

Nuits boréales


Un continent aux confins jamais atteints : ce sont les territoires de la nuit, déserts emplis du temps arrêté et de possibles rencontres où va ton destin.

Au flanc de la ville, le port est dans l’obscurité. Une lueur dévale sur des rails froids du chemin de fer qui s'égarent dans les brumes indifférentes. Plus loin, les falaises et, dans la matrice de l'ombre se soulève l'océan qui monte et s'enroule en déferlantes.

Dans le silence de la ville, on entend maintenant les effervescences du ressac se décoller du vacarme produit par les bas-fonds marins. L’eau invisible semble plus proche et l'opacité de la nuit nous autorise à écouter l'océan d'une manière plus intime.

Rappelle-toi mon fils, tu avais dix-huit ans et nous n'avions rien à nous dire mais nous voyagions ensemble dans la solitude commune de deux hommes en quête de se retrouver. Sur la jetée obscure, nous croisions des visages dessinés au fusain, forcément mystérieux puisqu'ils n'offraient au regard qu'une parcelle éclairée. Les visages noctambules se dessinent sous les lampadaires, sortant de l'ombre avant d'y retourner sur le même rythme que le faisceau d'un phare. Et si nous trouvions plus belles les inconnues que nous croisions, c'est parce qu'impuissants à distinguer leurs traits, nous restions persuadés qu'elles nous avaient souri.
Dans les hôtels aux cloisons trop légères les escaliers craquent, on entend les gens tousser, faire l'amour. Ils pratiquent l'oubli du sommeil, se douchent sans heure. L'eau circule dans les canalisations pour laver les corps. Tu ne parviens pas à dormir mais la fatigue te conduit enfin à la somnolence. Soudain, un cri traverse la nuit, tu t'extrais de la torpeur avec la surprise d'avoir peur. Ce sont des fêtards tardifs jouant avec les limites de la déraison. Tu ouvres les volets, observes la ville en contrebas. Tu te rhabilles et sors.

Tu remontes vers le centre-ville où les enseignes répandent leurs reflets sur le pavé humide du dernier orage. Couleurs à l'agonie dont les beautés se libèrent au fur et à mesure que faiblit leur intensité. Peu à peu tu t'immerges dans la féerie de la nuit, comme si le fond des océans s'éclairait de sa propre fluorescence. Tu découvres les restes du monde sensible de l'enfance, tes délires s'envolent dans le vent marin. C'est le goût de l'étrangeté qui permet aux aventuriers de vivre encore.

Je suis avec toi. Nous voulons ressentir le temps éternel, aborder les inconnus et nous mêler aux conversations. Nous sommes avides de nous enivrer dans ces lumières qui semblent naître de la matière noire car tu le sais, le petit jour les éteindra comme ces galets perdant leur éclat dès qu'on les extrait des profondeurs marines.

Jean Lavanchy, 24/11/2016

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