Maison natale
« Sais-tu ? Le rire résonne encore longtemps après qu’on ne l’entende plus. Il flotte à hauteur de tête puis remonte les escaliers, file par les portes ou se cache sous les papiers peints ». Cette voix que j’imagine entendre est celle de Marthe. Née dans le dernier quart du XIXème siècle, elle a une quarantaine d’années lorsqu’on tire son portrait. Et ce portrait revoit le jour 120 ans plus tard : Marthe et son mari Eugène appartiennent au petit peuple qui revient nous visiter dans cette série photographique. Trop vieux pour vivre, trop jeunes pour l’oubli : rémanence du passé ! Je nommerai Maison Natale ce lieu réel ou virtuel de transmission dans lequel nos aînés disparus reparaissent le temps d’un instant, l’espace d’un songe ou dans une banale habitude dont on ne sait d’où elle vient. Si les spectres viennent parfois nous hanter, ce sont aussi des anges porteurs d’un apaisement : l’ordre des choses établi par le temps qui s’écoule, n’exclut ni la poésie ni l’humour. Que vive l’instant présent ! La vie est théâtre.